FNC (Festival Nouveau Cinéma) 2005: Compte-Rendu
Le festival vient de terminer. Le direc...programmateur, pardon, Claude Chamberland semblait aux anges lors de son mot de conclusion en salles, et il y a de quoi: ce fut une excellente édition. Je pense qu'il aura su donner la leçon au milieu du cinéma québécois qu'il voulait donner.
Revenons à cette chicane entre brebis égarées du milieu des festivals montréalais de cinéma:
Je n'ai jamais apprécier cette opposition entre le FFM et le FNC par les années passées, car malgré les troubles effarants de la logistique du FFM, de nombreux films épatants y étaient présentés chaque année quand on se donnait la peine de les chercher, souvent des film qui par la suite disparaissaient à jamais des lieux de diffusion. Preuve de leur médiocrité? Je vous assure que non. Plutôt un manque de vigilance de la part de distributeurs qui ne cherchent que des films ayant des prix de festival pour les appuyer.
Par contre, je dois avouer que j'ai eu bien de la misère à digérer l'allocation à Spectra des subventions de Téléfilm pour un nouveau festival. J'ai vu quelques films à cet événement, mais j'y suis allé à contre coeur. J'ai toujours pensé qu'au pire, s'il n'y avait aucun moyen de provoquer une entente entre le FFM et FNC (première option), que Claude Chamberland avait droit à sa chance, qu'il a fait plus que ses preuves au travers des années pour encourager un cinéma différent.
Mais au Québec, c'est fou à dire, on semble ne pas avoir confiance en ses pions.
J'entends sans arrêt des nouveaux postes de prestiges dans le milieu des arts qui sont alloués à des nouveaux venus, des gens qui n'habitent pas ce pays, ou l'habitent depuis peu. Mais qu'est-ce que tout ça veut bien dire ? Ça ne sert à rien de se battre pour la culture au Québec, si nous sommes incapable de produire les gens qui ont assez emmagasiner de cette culture pour la promouvoir !
Je peux bien croire que dans certains domaines (direction d'un musée), il est préférable de prendre des gens qui ont leur pied à terre un peu partout, mais pour le cinéma je trouve que des gens d'ici ont tellement fait de chemin que c'est tout simplement la bêtise qui giffle, et qui tente d'insulter, que de ne pas reconnaître toutes ces années de travail.
Personne ne s'est jamais plaint (sauf moi, à de rares occasions) du FNC.
Cette année encore c'est le festival "des trois" qui semble avoir le mieux réussi
à attirer une clientèle (mes rhumatismes de genoux en ont pris un coup, tassés dans ses salles bondées).
"Fa que..."
Je suis curieux de voir comment Téléfilm et autres subventionneurs vont réagir, qui ont déjà annoncé leurs mises au point, qui devrait sortir d'ici Noel
Ma suggestion? Que Spectra se retire d'eux mêmes, en gardant les morceaux de leurs nombreux festivals qui fonctionnent. Ce qui permettrait une entente (ou non) entre les deux événements existants. Qu'y perdrait Spectra, véritablement? Au bout d'un mois de chaude larmes cette histoire serait complêtement oubliée. On ne parle pas de la passion d'une vie !!!!
Bon.... Après tout ce charabia... Revenons au Festive-All:
J'ai manqué trois gros morceaux:
Keane de Lodge Kerrigan, que je n'ai pas vu venir,
et dont la projection était terminé
au moment de me mettre sous la douche.
En fait j'avais mon billet mais ce jour là
j'avais opté pour un diner au resto. Mal
m'en a pris.
Three Times de Hou Hsiao-hsien: Bah, c'était
trop tôt pour moi (ou trop loin, je voulais
éviter Concordia). De toute façon je vais sûrement
dénicher et me procurer le dvd. Plus simple.
Qui a tiré sur mon frère? de German Gutierrez: complêtement passer
inapercu chez moi que ce prix du public. Évidemment, je suis sauvage
et je ne parle à personne, donc, bien fait pour moi. ;-)
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Mon GRAND favori du festival:
L'époustouflant "4" de Ilya Kurzhanovsky,
un autre chef d'oeuvre qui va passer
inaperçu. Le genre de cinéma qui
permet encore de croire en la pertinence
du médium. Je ne mâche pas mes mots.
Grotesque.
Ensuite:
"Caché" de Michael Haneke: décidément
captivant comme exercise de forme du cinéma
de genre, auquel s'ajoute un commentaire psycho-social
vraiment grinçant.
"All About My Dog" de Inudo, Kuroda, Nezu: si vous avez rit et
braillé en visionnant All About My Mother d'Almodovar,
attendez de passer au moulet ce film multivore
de la sensibilité. Émouvant.
"Something Like Happiness" de Bohdan Slama: oubliez "L'Enfant"
des frères Dardenne. L'humanité perdue, c'est dans ce film
que vous la retrouverez. Enfin un film tchèque qui gagne
un prix (Louve D'Or), et qui n'est pas un film d'animation!
"Iron Island" de Mohammed Rasoulof: les iraniens arrivent encore à nous impressionner
de leurs idées originales, leurs tableaux de micro-sociétés
à nous faire pâlir de honte (tant les gens là-bas en arrachent
pour survivre), et plus particulièrement avec ce film, leurs directions
photo donnant dans le spectaculaire.
"La Terre Abandonnée" de Vimukthi Jayasundara: film beau et lent qui m'a amplement donné ce que j'ai probablement manqué de Hou Hsiao-hsien. Le titre dit tout.
"3 needle" de Thom Fitzgerald : pas parfait mais ambitieux, et avec un sujet
tellement brûlant que j'aimerais être un religieu lui donnant mon prix oeucuménique.
Urgent.
Meilleur Acteur ou Actrice: Philip Seymour Hoffman dans Capote (le film ne repose
que sur ce jeu d'acteur)
Meilleur Documentaire: Workingman's Death de Michael Glawogger.
En fait un des grands moments du festival. Y a rien à redire:
faut voir ce film en se fermant bien la gueule.
Meilleur Court Métrage:
"Instructions for a Light and Sound Machine" de
Peter Tscherkassky. Du plaisir à regarder.
Je pensais pas qu'on pouvait me refaire le coup
de la déconstruction du western et tant me captiver.
Mention spéciale à "Uso Justo" de Coleman Miller,
une parodie du film expérimental (les deux films sont du même
programme, "Cinéma", mais j'ai vu autour de la moitié des 10
programmes présentés).
Meilleur Événement: le court métrage chanté en direct de
Benny Neremsofsky Ramsay.
Meilleur Site Web (j'ai pas regardé encore):
Déception Du Festival: "Mary" de Abel Ferrara: malgré
les efforts de Forest Whittaker, le film ne m'a pas conquit.
Mes gouroux religieux me chuchotent à l'oreille la naiveté
de ce film.
Il y aurait beaucoup de choses à ajouter.
Mais parlant de religion, je dois ici m'arrêter et
prendre le temps de re-citer ma déclaration solennelle concernant
ma relation avec le cinéma: je me suis éloigné de celui-ci
avec les années car j'ai réalisé que les films vivaient
pour moi ce que je n'arrivais pas à vivre. Heeee oui.
C'est la première leçon que je tire de mon expérience du FNC
chaque année: devoir réapprendre à vivre.
Vous pensez que je dis n'importe quoi?
Finalement ce n'est pas tant le médium du cinéma
que le processus de la fiction que je remet en caution,
et une grande majorité du cinéma s'appuie
sur celle-ci. La vie de tous et chacun m'intéresserait
beaucoup plus que les films, si j'y avait accès. Mais hélas
on ne peut pas entrer dans la vie des gens comme on veut.
Je trouve cela dommage. Il faudrait, entre nous, que l'on
commence à se trouver réellement intéressants.
Cedric Caspesyan
centiment@hotmail.com
PS: Vivre le FNC, c'est aussi de rencontrer des oeuvres d'art:
Il y avait une magnifique sculpture à l'entrée,
sorte de Giacometti trafiqué avec une tête de loup.
Ça s'appelait "Le Loup Berger", d'un certain Perras.
Très très Joli. (parcontre ses deux autres sculptures en forme de
totems à têtes de loup sont moins intéressantes, trop étirées
entre art amérindien, Picasso et son amour de l'Afrique, et
les formules géométriques de Jasper Johns, et...bon j'suis parti moi là...).
Il fallait remarquer aussi le magnifique tryptique de dalles
à lumière incandescente, dans les hautes voûtes du Ex-Centris,
digne d'une oeuvre de James Turrell. Je me surprends toujours à
le retrouver.
PS2: Vivre le FNC, c'est inévitablement de participer au Kabaret Kino,
choix intelligent que j'ai commis il y a 2 ans, parce que
j'avais besoin de me changer d'air (sauf que j'avais décidé de ne pas
montrer mes deux films, pour des raisons probablement trop
idiotes). Les films sont moyens? So what ! Le plaisir de
ses participants en salle n'est pas seulement palpable, mais
bougrement enviable.